Voici une sélection non exhaustive des moments
forts de l'actualité rwandaise en 1998.
Janvier 1998
7
D'après l'Agence France Presse, une quarantaine de
personnes auraient été tués par des interahamwe entre le 5 et le 6/01/98 dans les
communes de Nyakabanda et de Nyabikenke en préfecture de Gitarama. Les assaillants
effectueraient des raids à partir des préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi selon le Colonel
NDEGENYINKA, commandant de la région militaire ouest (Kibuye Gitarama). (AFP
07/01/98)
13
Le ministre rwandais des Finances et de la Planification
économique, M. Donat KABERURA a indiqué mardi 13
janvier 1998 que l'année 1997 présentait sur le plan économique de bons résultats : si
le PIB (produit intérieur brut) est de 185 USD/habitant, la croissance est de 13%,
l'inflation de 9% et le déficit de l'état représente 6% du PIB. Le Franc rwandais (FRW)
est au cours officiel de 303 FRW pour 1 USD (340 au taux du "non officiel").
(AFP 13/01/98)
16
Quatre militaires de l'APR ont été condamnés à mort
pour le meurtre d'un commandant de gendarmerie à Gitarama. Leur victime était le capitaine
Théoneste HATEGEKIMANA, commandant de la gendarmerie de la région centre.
Celui-ci était un membre des ex-FAR qui avait refusé de participer au génocide et avait
intégré les rangs de l'APR. (AFP 16/01/98)
18
L'Agence France-Presse relate qu'un militaire rwandais de
l'APR a été "exécuté publiquement pour l'exemple" à Ruhengeri
devant 2.000 à 3.000 personnes dans le stade. Le sergent Gaspard MUTABAZI
avait été reconnu avoir tué un officier vétérinaire pour lui voler sa motocyclette. (AFP
18/01/98)
19
L'attaque d'un bus transportant une centaine d'employés de
la BRALIRWA (Brasseries et Limonaderies Rwandaises, appartenant à
Heineken -NDR) aurait fait entre 40 et 80 morts selon l'Agence France-Presse ou environ 40
selon la préfecture de Gisenyi et l'Agence Rwandaise d'Informations (ARI). Selon les
survivants, les assaillants (interahamwe et membres des ex-FAR) auraient intercepté
l'autobus et tenté de séparer passagers Hutu et Tutsi.
Face au refus des passagers, les aissaillants ont ouvert le feu puis incendié le bus et
décapité certaines victimes. (AFP 19/01/98)
22
Paul KAGAME, Vice-Président et Ministre de la Défense du
Rwanda a effectué un "voyage de travail" en Belgique,
suite à l'invitation de Michel ROCARD, président de la Commission de
Développement du Parlement Européen. Outre une "rencontre-entretien"
avec les députés européens, le Vice-Président rwandais a également rencontré M.
Dehaene, premier ministre belge et le roi Albert II. (AFP, Reuters, Le Soir du 19 au
22/01/98)
25
Le 26/01/98, une nouvelle ligne aérienne avec pavillon
rwandais a été créée. ALLIANCE EXPRESS est la propriété à 51% de
l'Etat Rwandais et à 49% de la compagnie ALLIANCE AIR, consortium
regroupant trois compagnies nationales (Ouganda, Tanzanie, Afrique du Sud). Alliance
Express offrira des vols entre Kigali, Entebbe, Nairobi, Johannesburg. Le vol inaugural de
la nouvelle compagnie aérienne aura lieu pendant la première semaine de mars. (New
Vision 25/01/98)
Février 1998
8
Le FPR a dissous son bureau politique. Selon Denis
POLISI, vice-président du FPR (également secrétaire général par intérim),
les buts de cette dissolution sont : "mettre en place des réformes, réfléchir
sur la direction du parti et tenter de transcender les clivages ethniques" .
Onze commissions sont en train de réfléchir sur la restructuration du mouvement. (AFP
08/02/98)
Mars 1998
3 - 4
La commission de la défense de l'Assemblée
Nationale française a décidé le 3 mars de constituer une "mission
d'information sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU
au Rwanda entre 1990 et 1994". Les députés écologistes (Verts) se sont, eux,
prononcés pour la création d'une "commission d'enquête parlementaire",
rejoints en cela par le Parti Communiste Français (PCF). (Reuters 03/03/98 et
04/03/98)
7
La "Mission Parlementaire d'Information sur le
Rwanda" a tenu le 11 mars sa réunion constitutive. Paul QUILES
(ancien ministre de la défense, Parti Socialiste-PS) a été élu président. Les deux
vices-présidents sont J.-C. Sandrier (PCF) et R. Galy-Dejean (RPR). Le rapporteur est B.
Cazeneuve (PS). (Reuters 11/03/98)
17
L'ONG française Médecins Sans Frontières
se joint aux ONG dont AICF et la Ligue des Droits de l'Homme ainsi qu'à de nombreux
universitaires ou personnalités afin de demander la création d'une véritable
"commission d'enquête" sur le rôle de la France au Rwanda. (MSF 17/03/98)
24
La "mission d'information de l'Assemblée sur
le Rwanda" (France), a commencé ses auditions mardi 24 mars. (Reuters
24/03/98)
25 - 26
Lors de sa courte escale de deux heures à l'aéroport de
Kigali-Kanombe, le président des Etats Unis d'Amérique, Bill CLINTON, a
fait son mea-culpa, ainsi que celui des USA et de la "communauté
internationale" par rapport au génocide. (AFP, Reuters, Le Soir 25 et 26/03/98)
31
Le Rwanda veut développer son système de production
d'énergie électrique, "condition nécessaire du développement industriel du
pays", selon le premier ministre rwandais Pierre-Célestin RWIGEMA,
rapporte l'Agence France Presse. L'inauguration de la nouvelle turbine de la centrale
hydro-électrique de Ntaruka (nord) devrait aider le pays à diminuer ses importation
d'électricité d'Ouganda, du Burundi et de la RDC. (AFP 31/03/98)
Avril 1998
9
La Commission des Affaires Etrangères de
l'Assemblée Nationale (France) a rejeté la demande de création d'une
"commission d'enquête parlemantaire" par le groupe
communiste à l'Assemblée Nationale. Il est à noter que la commission des affaires
étrangères est présidée par le socialiste Jack LANG, fidèle parmi
les fidèles de François Mitterrand et ancien président d'une association parlementaire
d'amitiés avec le Rwanda avant 1994 ! (Reuters 09/04/98)
Le Conseil de Sécurité des
Nations Unies a demandé au secrétaire général (Kofi
Annan) de réactiver la Commission Internationale d'Enquête afin d'enquêter sur la vente
et la livraison d'armes aux ex-FAR et aux milices en violation de l'embargo. (UN
09/04/98)
11
L'Agence France Presse fait état, le
11/04/98 de "plus d'une centaine de personnes [...] tuées
au Rwanda en une semaine lors d'attaques attribuées à la rébellion hutue, alors que ce
pays venait de commémorer le génocide". Toujours selon l'AFP, les attaques de
la rébellion "limitées jusqu'à fin février aux deux provinces de Ruhengeri
(nord) et de Gisenyi (nord-ouest) se sont multipliées depuis plus d'un mois dans la
préfecture de Gitarama (centre)". (AFP 11/04/98)
16
Paul KAGAME, Vice-Président du Rwanda et Ministre de la
Défense a lancé un appel à la réconciliation nationale devant un auditoire composé de
1532 anciens militaires des ex-FAR (Forces Armées Rwandaises) à Nkumba (en préfecture
de Ruhengeri). Il a ensuite, lors d'une conférence de presse, estimé que "la
situation sécuritaire du Rwanda était sous contrôle" ajoutant que la
population commençait à réagir contre les interahamwe "infiltrés". (AFP
16/04/98)
24
Vingt-deux (22) condamnés à mort pour génocide ont été
exécutés vendredi 24 avril 1998 lors d'exécutions publiques à Kigali, Nyamata,
Kibungo, Gikongoro et Lurambi, parmi lesquels Froduald KARAMERA, ancien
vice-président du MDR et animateur de la tendance génocidaire "hutu power".
(Reuters, UN 24/04/98)
28
Le Secrétaire Général de l'Organisation des Nations
Unies, Kofi Annan entreprend le mercredi 29 avril 1998 une tournée
devant le conduire dans huit (8) pays africains (Ethiopie, Djibouti, Kenya,
Tanzanie, Burundi, Rwanda et Erythrée). (AFP 28/04/98)
Mai 1998
1
Jean KAMBANDA, ancien premier
ministre de l'auto-proclamé "Gouvernement Intérimaire" du Rwanda, mis en place
au début du génocire rwandais a plaidé coupable pour génocide (6 chefs d'inculpation)
devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) a Arusha (Tanzanie). C'est
le premier accusé à reconnaître les faits dont il est accusé.L'adjoint
du procureur, le juge camerounais Bernard Muna, a estimé que Jean Kambanda "pourrait
devenir un témoin-clé" dans les procès jugés par le TPIR, sous-entendant que
l'ancien responsable politique était prêt à "charger" d'autres accusés. (AFP
01/05/98)
7 - 8
Le Secrétaire Général de
l'Organisation des Nations Unies, Kofi ANNAN, a effectué une visite au
Rwanda du 7 au 8 mai 1998. Kofi Annan a essuyé une série de "camouflets" tout
au long de sa visite. Tout d'abord, son discours, le 7 mai, devant le Parlement a été
qualifié "d'arrogant, et d'insultant
pour le peuple rwandais" par le président Pasteur BIZIMUNGU.
Ce dernier a d'ailleurs boycotté le soir même (comme le Vice-Président Paul Kagame et
le Premier Ministre, Pierre Célestin Rwigema) un dîner officiel en compagnie de Kofi
Annan. Toujours au Parlement, le Ministre des Affaires Etrangères, Anastase
GASANA, avait prononcé un discours très chargé contre l'action des Nations
Unies et de la Société des Nations. Il a également été interpellé par Polycarpe
GATETE, un députés, sur "sa responsabilité personnelle au moment du
génocide". Le lendemain, Kofi Annan se rendait à l'Ecole Technique Officielle
(ETO) de Kicukiro afin d'assister à une cérémonie en l'honneur de victimes du
génocide. Les survivants devant assister à cette cérémonie l'ont boycotté. Ensuite,
alors qu'il visitait un site du génocide à Mulire (en préfecture de Kibungo), un
survivant du génocide, Charles Butera l'a interpellé en lui déclarant : "Nous
attendions l'ONU de Kofi Annan, elle n'est jamais venue. Vous avez ajouté le mal au mal".
Enfin, vendredi 8 mai au soir, le porte-parole du représentant du Haut Commissaire de
l'Onu pour les Droits de l'Homme à Kigali, José-Luis HERRERO a annoncé
avoir été déclaré la veille par le gouvernement rwandais "persona non grata",
et avoir reçu l' ordre de quitter le Rwanda. (AFP, Reuters 07 et
08/05/98)
11
Le Ministère Rwandais de la Santé a annoncé les résultats
d'une enquête réalisée fin 1997 concernant la population touchée par le virus du SIDA.
Selon cette enquête, 11,1% de la population est contaminée. Ainsi, 4,3% des enfants de
12 à 14 ans, 6,4% des 15 à 19 ans sont porteurs du virus. Toutefois, la classe d'âge la
plus touchée est celle des adultes entre 20 et 50 ans (13,9% pour les 25-29 ans, 16,3%
pour les 35-39, 18,7% pour les 45-49 ans.). De plus, les femmes sont plus touchées que
les hommes (11,3% contre 10,8%), et les habitants des campagnes plus que ceux des villes. (AFP
11/05/98)
Au stade de Nyamirambo (Kigali) a eu lieu un concert
de reggae "à la mémoire de Bob Marley, pour la réconciliation et contre la
drogue" où se sont produit plusieurs groupes (Pakayu 2, Best Sound et Horizon) et
auquel ont assisté plus de six mille personnes. Le concert a été organisé par BONGO
MAN, beau-frère du président Pasteur Bizimungu, qui a déclaré à l'Agence
France Presse : "Je veux dire à tous les peuples africains de se réunir dans
l'amour. Je veux que la jeune génération, ceux qui ont survécu au génocide entrent
dans un grand amour. Je veux qu'ils entendent le message de paix et de réconciliation de
la philosophie de Bob Marley [...] le président Bizimungu est cool, c'est un
homme de paix et un révolutionnaire, comme Bob Marley [...] je veux que les
jeunes Français, à travers vous, apprennent que le gouvernement français a soutenu le
génocide. Je veux que le peuple de France demande pourquoi ". (AFP
12/05/98)
12
Mgr Kizito BAHUJIMIHIGO, docteur en psycho-pédagogie, 44 ans a
été nommé évêque de Ruhengeri , en remplacement de l'évêque espagnol Antonio
Martinez. Il est originaire de la préfecture de Kibungo et était professeur au grand
séminaire catholique de Nyakibanda. (AFP 12/05/98)
14
Rakiya OMAR, directeur d'African Rights, ONG de
défense des droits de l'homme, a adressé le 14 mai 1998 lettre ouverte au Pape Jean-Paul
II pour dénoncer "la complicité de l'Eglise avec les génocidaires". En effet,
plus de 36 prêtres catholiques sont soupçonnés par African Rights d'avoir participé au
génocide . La plupart seraient en Italie, en France ou en Belgique, sous la protection du
Vatican. L'ONG demande au Pape "d'examiner les allégations dont font l'objet les
membres de votre clergé au Rwanda et de divulguer vos conclusions à ce sujet [...] Nous
demandons que dans les cas où il y a des preuves substantielles de ce que des membres du
clergé ont manqué à leurs devoirs ou violé les règles de leur Eglise, ils
comparaissent devant un tribunal ecclésiastique" et demande au Vatican de
constituer une commission indépendante pour enquêter sur le rôle du clergé catholique
pendant le génocide. African Rights reproche à l'Eglise catholique sa prise de position
contre l'exécution publique de 22 condamnés pour génocide du le 24 avril dernier :
"Les efforts réalisés par l'Eglise catholique au nom des personnes accusées
d'actes de génocide n'ont pas été assortis d'efforts au nom des victimes de ce
génocide. Ceci fait qu'il est impossible pour l'Eglise catholique d'agir comme un agent
pour la paix et la réconciliation, rôle qui lui est naturel et propre", ajoute
la lettre ouverte. (AFP 14/05/98, Reuters 16/05/98)
16-18-20-21
L'ancien Ministre de l'Intérieur, Seth SENDASHONGA a été
abattu dans sa voiture avec son chauffeur (Bosco Akuluyubu, rwandais) à Nairobi le 16 mai
1998. Soupçonné d'avoir commandité l'assassinat, le Gouvernement Rwandais a démenti
être impliqué le 18 mai par la voix du Ministre des Affaires étrangères, Anastase
Gasana, qui a affirmé que "le gouvernement rwandais n'a pas commandité cet
assassinat, parce que M. Sendashonga ne constituait pas un problème pour nous [...] Avec
sa mort, le Rwanda a perdu un homme sérieux, et une personnalité politique bien connue.
Seth Sendashonga avait commencé à s'opposer au régime du président Habyarimana dès
1975, alors qu'il était étudiant à l'Université de Butare. Ce n'était pas un
génocidaire". Fidèle à sa ligne, AMNESTY INTERNATIONAL, a
aussitôt demandé urgemment l'ouverture d'une enquête le 20 mai, déclarant que son
assassinat apparaissait comme "un assassinat politique dû à ses critiques
fréquentes et à ses dénociations des violations des droits de l'homme par le
gouvernement actuel du Rwanda". Le 21 mai, le quotidien kenyan, The
NATION, annonçait que trois suspects avaient été arrêtés par la police
kenyane. Le mobile du crime serait une sombre histoire de détournement d'argent qui
aurait été plannifiée entre la victime et un des suspects alors que Seth Sendashonga
était encore ministre. (AP 16/05/98, AFP 18/05/98, AI 20/05/98, The Nation 21/05/98)
18
L'agence de presse, All Africa News Agency, rapporte l'article
publié dans RWANDA LIBERATION estimant pour la première fois le nombre
des victimes du génocide, commune par commune. L'estimation, fixant à 1 364 020 victimes
est la première étude sérieuse du nombre de victimes. Réalisée par une commission qui
a fait les premières investigations dont le résultat n'est pas encore officiellement
publié du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la
Culture. Antoine KAPITENI, rédactur en chef du mensuel rwandais a indiqué dans cet
article "Nous nous sommes inspirés du "rapport préliminaire
d'identification des sites du génocide et des massacres d'avril-juillet 1994 au
Rwanda" paru en février 1996. [...] Ce recensement est une contribution importante
pour connaître l'ampleur de l'horreur qui nous est arrivée. Le rapport donne les noms
des responsables des massacres, des témoins et des personnes qui ont eu le courage de
sauver des vies humaines au risque de leur propre vie. Ce travail a été fait jusqu'au
niveau de la cellule." (AANA 18/05/98, Rwanda
Libération N°33 d'avril-mai 1998)
Des miliciens interahamwe et des soldats des
ex-Forces armées rwandaises (FAR) ont attaqué dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18
mai 1998 l'école secondaire de Nyamyumba (en préfecture de Gisenyi).
Quatorze personnes dont 11 enfants (sur 25 pensionnaires) ont été tués et cinq autres
blessés par balles."Certains des enfants ont été tués par balle, mais la plupart
ont eu la tête fracassée à coup de massue et de pioche", a expliqué à l'Agence
France Presse le secrétaire de l'école. L'AFP indique également que "tous les
témoins ont attribué ce massacre à la rébellion, composée de miliciens Interahamwe et
de soldats des ex-Forces armées rwandaises (FAR)" (AP 18/05/98, AFP 19/05/98)
20
Le 20 mai 1998, Reporters Sans Frontières a annoncé la
disparition le 5/05/98 d'Emmanuel MUNYEMANZI, journaliste, chef de
production à la Télévision Rwandaise. Selon RSF, deux mois avant sa disparition, le
journaliste aurait été "accusé de sabotage par le Directeur de l'Office
Rwandais d'Information (ORINFOR) suite à un incident technique lors de l'enregistrement
d'un débat politique." Munyemanzi avait été suspendu de ses fonctions et
transféré au bureau d'études et des programes de l'ORINFOR. (RSF/IFEX 21/05/98)
25
Alors que les élections pour la succession de l'actuel président de la Fédération
Internationale de Football (FIFA) se prépare, le Rwanda (ainsi que le Libéria,
Haïti et la Libye) pourrait perdre son droit de vote pour n'avoir pas réglé sa
cootisation annuelle ! (AFP 25/05/98)
Juin 1998
3
Le Rwanda a obtenu un prêt s'élevant à 250 millions d'USD par la Banque
Mondiale. Donald KABERUKA, Ministre rwandais des Finances et du Plan a
déclaré que ce prêt était "d'un soutien direct et flexible au budget et à la
dette et d'une aide destinée à des dépenses exceptionnelles adoptées en accord avec le
FMI pour soutenir les efforts du pays dans les domaines de la santé, de l'éducation, de
la réconciliation nationale, de la réforme de la fonction publique ainsi que pour le
Fonds des survivants du génocide". Quant à Anastase GASANA,
Ministre des Affaires Etrangères, il a estimé que "nous avons besoin de la
solidarité internationale et elle vient de s'exercer. La Banque mondiale est notre
premier partenaire multilatéral et cette collaboration nous donne entièrement
satisfaction au bénéfice du peuple rwandais". (AFP 03/06/98)
4
Le RWANDA, suite à une réunion des principaux partis politiques
le 30/05/98 à la Présidence, va changer prochainement de drapeau et d'hymne national.
D'autres symboles nationaux vont également changer. Les motivations de ces changements
sont le renforcement de l'unité nationale, beaucoup de symboles étant liés au génocide
et à l'idéologie l'ayant prévalu. (AFP 04/06/98)
La "Commission d'enquête
sur le génocide rwandais" de l'Organisation de l'Unité Africaine
(OUA) a été créée ce 4 juin 1998 à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Cette
commission indépendante, à l'origine de laquelle se trouve lePremier Ministre éthiopien
Meles Zenawi sera composée de 7 membres et présidée par l'ancien président du
Botswana, Ketumile Masire. Cette commission a un mandat d'un an et
commencera ses travaux en septembre, enquêter sur les causes du génocide et sur le rôle
joué par la "communauté internationale" avant, pendant et après le génocide.
(PANA 04/06/98)
6
Le tribunal de Byumba a condamné 35 accusés à la perpétuité
pour leur participation au génocide. (AP 06/06/98)
11
Le camp de rapatriés tutsis de Kinihira (préfecture de Gisenyi)
a été attaqué lundi soir 8 juin par un groupe d'assaillants composé "de
jeunes hommes, de femmes et d'enfants estimés à un millier, armés de machettes et de
lances", selon des témoins. Le bilan fait état de 29 morts et une vingtaine de
blessés (en majorité des femmes et des enfants parmi les rapatriés, les assaillants
aillant profité du fait que les hommes du camp participaient à une réunion de
sécurité. Des témoins ont précisé que "les infiltrés ont attaqué en
chantant des cantiques religieux, annonçant qu'ils étaient l'armée du Sauveur".
Ces "méthodes" rappellent celles de l'Armée de Libération du Seigneur
(mouvement rebelle ougandais) de Joseph Kony soutenu par le Soudan.
L'attaque a d'ailleurs été revendiquée par "l'Armée de libération du
Rwanda" (ALIR), dont le journal clandestin "Umucunguzi" ("le
sauveur") circule à Kigali. (AFP 11/06/98)
13
Selon l'agence de presse AANA (All Africa News Agency), un nouvel évêque a été
nommé pour le diocèse de Ruhengeri diocese. Il s'agit de Kizito Bahujimihigo,
qui remplace Phocas Nikwigeze, lequel a quitté le Rwanda au moment du
génocide.Bahumimigigo est né le 5 décembre 1954 à Rwamagana est est titulaire d'un
doctorat de philosophie. (AANA 15/06/98)
16
A Cyangugu, 10 personnes ont été condamnées pour leur
participation au génocide de 1994 : 3 à la peine capitale et 6 à la réclusion à
perpétuité, a rapporté l'agence Rwanda News Agency. (AP 16/06/98)
17
Le rapport annuel de l'ONG "Amnesty International" fait
état "d'effroyables violations des droits humains sur le continent africain",
et déplore le fait que "Au Rwanda, plus de cent personnes ont été condamnées
à mort et "probablement des milliers d'autres pourraient connaître le même sort".
(AFP 17/06/98)
Juillet 1998
14
Une étude du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) fait ressortir
que la population du Rwanda pourrait passer "de 7,5 millions
d'habitants, selon les estimations, à 11,2 millions d'habitants en 2012". (AP
14/07/98)
15
Un nouvel ambassadeur des USA au Rwanda vient d'être nommé par Bill Clinton. Il
s'agit de M. George M. Staples qui a déjà travaillé pour les
ambassades des Etats Unis au Salvador, en Uruguay, en Guinéé Equatoriale, aux Bahamas et
au Zimbabwe. (White House 15/07/98)
18
Radio-Rwanda a rapporté la condamnation à mort d'un couple de Rwandais et la
prison à vie pour deux autres personnes pour participation au génocide. Le couple
condamné à mort est constitué d'Euphrasie Kamatamu (ancienne
conseillère municipale de 54 ans, reconnue coupable par un tribunal rwandais d'avoir
organisé le meurtre de plusieurs Tutsis et Hutus modérés à Kigali) et de son mari Thomas
Habyarimana. Ils avaient alors établi des listes de personnes à tuer,
distribué des armes à des escadrons de la mort hutus et fait ériger des barrages
routiers pour empêcher les Tutsis de s'enfuir. Les deux personnes condamnées à la
perpétuité sont un ami d'Euphrasie Kamatamu et son garde du corps personnel. (AP
18/07/98)
31
Le gouvernement rwandais a dévoilé ses projets d'instaurer au Rwanda une
"démocratie participative". Le Premier ministre rwandais, Pierre-Célestin
Rwigema a annoncé au bimensuel gouvernemental "La Nouvelle Relève"
que "dans un proche avenir, les populations auront la possibilité de se choisir
des responsables au niveau des structures de base". Les candidats ne
représenteront pas un parti politique, mais seront des individus (comme en Ouganda -
système des Conseils de la Résistance : R.C -ndwm). Ces élections devraient avoir lieu
avant la fin de l'année puis être suivies d'élections à l'échelle des communes et des
préfectures, avant d'aboutir au niveau national. (AFP 31/07/98)
Août 1998
3
Deux prêtres belges de la congrégation des "Pères Blancs", Mark
François et Jean Lefevre ont été relâchés par les rebelles
hutu qui les avaient kidnappés le 21 juillet en préfecture de Ruhengeri. (AANA
03/08/98)
Dix écrivains africains (Koulsy Lamko,
Nocky Djelanoum -Tchad, Monique Ilboudo
-Burkina Faso, Véronique Tadjo -Côte d'Ivoire, Moussa
Konate -Mali, Boubacar Boris Diop -Sénégal, Tierno
Monenembo -Guinée, Abdourahman Waberi -Djibouti, Jean-Marie
Vianney Rurangwa et Kalisa Rugano -Rwanda) et
(Tchad) ont décidé de s'installer au Rwanda pendant deux mois pour "écrire par
devoir de mémoire". Ils se sont installés dans un petit hôtel de Nyamirambo mis à
leur disposition par le gouvernement. Ils ont rencontré des femmes victimes du génocide,
des membres d'une ONG et des correspondants de la presse internationale. (AFP
03/08/98)
4
L'APR annonce que le Major Mugemana ancien garde du corps et
proche du Général Habyarimana, un des chefs de la rébellion hutu a été tué lundi
03/08/98 à Ruhengeri lors d'une attaque contre des bâtiments de la Préfecture. (AP
04/08/98)
7
Le Président de la République Rwandaise, Pasteur Bizimungu,
effectue sa première visite officielle en Zambie. (Post of Zambia 07/08/98)
Septembre - Octobre 1998
Désolé, pas
d'informations disponibles pour cette période...
Novembre 1998
7
Le gouvernement du Rwanda a admis que son armée était présente en RDC, aux
côtés des rebelles pour des considérations de "sécurité" à ses
frontières. Quant au gouvernement congolais, celui-ci a estimé samedi que "l'aveu"
vendredi par le Rwanda que ses troupes sont présentes en RDC "ne suffit pas à
garantir automatiquement le retour à la paix". (AFP 07/11/98)
20
Quarante détenus, supectés d'avoir participé au
génocide, sont morts de maladie non identifiée dans la prison de Rilima
(préfecture Kigali-Rural). Faustin Nteziryayo,
Ministre de la Justice, a déclaré que ces faits étaient exacts et qu'il avait "lancé
un appel au Ministère de la Santé afin d'identifier la cause de cette étrange
épidémie". Des médecins du CICR ont déclaré que cette maladie pouvait être
la typhoïde et que plus de 500 suspects étaient déjà infectés. (Reuters 20/11/98)
21
Un rapport des Nations Unies fait état que "malgré un
embargo international imposé au Rwanda, les anciennes forces gouvernementales et les
miliciens hutus continuent de recevoir des armes de la région qu'ils utilisent dans la
guerre civile au Congo voisin". Ce rapport souligne que les nouveaux liens
"entretenus entre le président congolais Laurent-Désiré Kabila, les militants
Interahamwe et les anciens soldats de l'armée rwandaise ont conféré une légitimité
aux forces responsables du génocide au Rwanda en 1994 qui a fait 500.000 morts".
(AP 21/11/98)
24
Un rapport d'une commission internationale d'enquête des Nations unies
présidée par l'ambassadeur d'Egypte Mahmoud Kassem publié à Genève
accuse les "rebelles hutus rwandais" de financer leurs opérations par des
trafics de drogue. Selon la commission, des membres des ex-FAR et des Interahamwe "se
sont lancés dans un commerce de stupéfiants entre l'Inde, l'Afrique du Sud et l'Europe".
Plus précisément, "du mandrax provenant d'Inde et destiné à l'Afrique du Sud
est introduit en contrebande au Kenya et en Tanzanie par Mombasa et Dar es-Salaam
principalement. La plupart des drogues sont ensuite expédiées sur l'Europe [...]
Il semblerait aussi que des drogues provenant d'Amérique latine soient expédiées en
Afrique australe". Ce trafic mettrait en cause "des membres éminents
des ex-FAR et des Interahamwe établis à Mombasa et Dar es-Salam [...] et sont
en partie destinés à financer des achats d'armes". (AFP 24/11/98)
28
Le vingtième sommet franco-africain s'est achevé par la
signature d'une promesse d'arrêt des combats en RDC par les dirigeants de la RDC Laurent-Désiré
Kabila, de l'Ouganda Yoweri Museweni, du Rwanda Pasteur
Bizimungu et du Zimbabwe Robert Mugabe devant le secrétaire
général de l'ONU, Kofi Annan, et le président de l'OUA, Blaise Compaoré. Kofi Annan a
déclaré que les dirigeants des pays concernés par le conflit en RDC s'étaient
"engagés" à accepter une cessation immédiate des hostilités, puis un
cessez-le-feu, "J'espère qu'en rentrant chez eux, ils vont poursuivre cet accord
avec toute l'énergie et l'urgence qu'il faut [...] Il faut signer l'accord, mais
ils se sont engagés à accepter un cessez-le-feu, ils ont aussi décidé d'accepter une
cessation immédiate des hostilités". Le Président de la Zambie, Frédérick
Chiluba, devrait convoquer une nouvelle réunion des belligérants début décembre à
Lusaka pour mettre au point les modalités du cessez-le-feu. Ensuite, aura lieu la
réunion de Ouagadougou sous l'égide de l'OUA.
Décembre 1998
6
Le Sunday Times a rapporté dimanche que le lieutenant-colonel Tharcisse
Muvunyi, ancien officier de l'armée rwandaise impliqué dans le meurtre de 22
enfants de 5 à 22 ans qui avaient trouvé asile dans un couvent de la ville de Butare le
30 avril 1994, a obtenu l'asile politique en Grande-Bretagne. Le quotidien britannique
révèle que Muvunyi vit de l'aide sociale avec sa femme et ses trois enfants dans le sud
de Londres et qu'il dispose d'un permis de séjour valable jusqu'en 2002. Le Ministère de
l'Intérieur britannique (Home Office) s'est refusé à tout commentaire. (AP
06/12/98)
7
Maîtres Tubiana, Ottan, Expert et Dhonte ,avocats de Pierre et Yvonne Galinier,
qui ont porté plainte "pour génocide et tortures" contre le prêtre rwandais
résidant en France dans le département de l'Eure, Wenceslas Munyeshyaka,
ont saisi la ministre française de la Justice Elisabeth Guigou et le Conseil supérieur
de la Magistrature, estimant que l'instruction de ce dossier en est totalement au point
mort. "Plus rien n'a été fait depuis que la Cour de Cassation française a
ordonné le 6 janvier 1998 la reprise des poursuites [...] Cette situation
confine au déni de justice". ont-ils déclaré lors d'une conférence de presse
à Paris.En revanche, le prêtre Wenceslas Munyeshyaka a assigné en mars 1998 Mme
Galinier devant le tribunal de Paris où il lui réclame 400.000 francs de dommages et
intérêts pour violation de la présomption d'innocence. L'affaire doit être plaidée
lundi après-midi. "C'est une situation insupportable", a expliqué Me
Expert, en rappelant que Mme Galinier a perdu la quasi-totalité de sa famille dans le
génocide au Rwanda en 1994. (AP 07/12/98)
8
Lors d'une conférence de presse à Bruxelles, Alain Destexhe,
sénateur belge, et Cynthia McKinney, élue de Géorgie au Congrès
américain ont demandé une enquête indépendante sur le rôle de l'ONU dans le
génocide rwandais de 1994. Cette demande est basée sur deux documents rendus publics,
qui montrent que l'ONU savait depuis début 1994 que des assassinats étaient en
préparation au Rwanda visant Landouald Ndasingwa (dit "Lando"), et Joseph
Kavarugunda, et que les informations transmises par l'ONU à la commission d'enquête du
Sénat belge en 1996 ne reflètent pas avec exactitude le témoignage du général Roméo
Dallaire, commandant en 1994 de la MINUAR. (AFP 08/12/98)
14
Le jugement du TPIR concernant Omar Serushago, qui a dirigé la
milice dans la préfecture de Gisenyi (nord-ouest) lors du génocide a été rendu. Sa
culpabilité a été reconnue par le tribunal. Serushago qui avait d'ailleurs reconnu
être "responsable de meurtres et d'atteintes graves à l'intégrité physique et
mentale de membres de la population tutsie dans l'intérêt de détruire en tout ou en
partie ce groupe ethnique ou racial" risque la peine de prison à perpétuité. (AFP
14/12/98)
15
La mission parlementaire française
d'information sur le Rwanda a rendu public son rapport.
21
L'armée rwandaise a démobilisé
3602 militaires dont 1 lieutenant-colonel, 6 majors, 16 capitaines et 97 lieutenants. Les
soldats démobilisés ont suivi un stage d'orientation d'une semaine avant leur
démobilisation. Une cérémonie a eu lieu en présence du Premier Ministre,
Pierre-Célestin Rwigema, du Vice-Président Paul Kagame et d'officiels rwandais ainsi que
de diplomates. (AANA 21/12/98)
Béatrice Sébatware-Panda,
ministre d'Etat aux affaires intérieures, au développement communal et à la
réinstallation a démissioné de son poste le 4 décembre et a réapparu à Nairobi.
Béatrice Sébatware-Panda est la fille d'un ancien responsable de la police de Kigali
recherché pour sa participation au génocide et est partie du Rwanda après l'arrestation
de ses frères sont soupçonnés d'avoir collaboré avec la rébellion dans le nord-ouest
du pays. Le bureau du premier ministre s'est refusé à tout commentaire même si un
ministre se disait "déçu''. (AP 21/12/98)
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Selon le journal ougandais "The
Monitor", 8 soldats ougandais et 30 rwandais auraient été tués lors d'un
accrochage entre ces deux armées en RDC. Selon un officier ougandais réclamant
l'anonymat, "les soldats ougandais ont riposté en
auto-défense contre des militaires de l'APR qui ont tiré les premiers, pour un
désaccord sur des questions de stratégie générale, ainsi que de soutien à un groupe
de rebelles congolais plutôt qu'un autre". Le ministre ougandais de la Défense
Steven Kauma a démenti les faits, estimant que ces allégations visent à "détériorer
les relations entre les armées des deux pays". (AFP 27/12/98)
28
Le Ministère rwandais du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales
(MIGEFASO) a publié les résultats d'une enquête concernant la séropositivité des
prostituées rwandaises. Selon cette enquête menée entre février et septembre 1998
auprès de 3.000 prostituées, dans cinq des douze préfectures du Rwanda, les
trois-quarts des prostituées rwandaises sont porteuses du virus du Sida. Selon Jean-Marie
Mudakikwa, porte-parole du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS),
"des 3.000 prostituées interrogées, seules 900 soit 30 % ont accepté le test
médical de dépistage et il a été constaté que 684 d'entre elles, soit 76 %, sont
infectées par le VIH-Sida." (AFP 28/12/98)